La crèche
C’est une tradition familiale dans ma famille maternelle. Je n’ai pas de souvenir d’un noël chez mes grands parents sans une crèche près de la cheminée… Et avec elle, un ensemble d’usages entrent dans ces retrouvailles annuelles. On préparait les 13 desserts (symboles de prospérité) les mendiants (4 fruits secs qui représentait les 4 ordres religieux vivant des aumônes (la générosité)) la bûche de fruitier qui durait dans l’âtre toutes la nuit (abondance au jardin) les lumignons et autres cierges qui brûlaient toutes la nuit pour chasser l’obscurité. Le solstice d’hiver n’est pas loin ! « Pour la sainte Luce le jour fait un saut de puce.. »
Nous échappions à la messe de minuit où l’on devait aller à jeun pour communier. Les agapes se faisaient le lendemain midi avec toutes la famille. C’était plus simple, pour les vieux comme pour les jeunes !!!
Je suis né à une époque le bonhomme Noël se faisait brûler en effigie sur les parvis des cathédrales sur ordre des évêques !!
C’est le petit jésus qui récompensait d’une babiole, d’une friandise ou d’un jouet les enfants sages et studieux !
Chez mes parents, on retrouve la crèche avec ses coutumes. Une façon de garder le contact avec nos racines malgré les multiples déménagements.
Une quinzaine de jours avant, la promenade dominicale nous emmenait en foret et nous récoltions de la mousse. Soigneusement entreposée dans des cageots, une couche à l’endroit une couche à l’envers pour qu’elle dégorge de son humidité et des petites bêtes !!
Dans des soucoupes lèvaient des lentilles ou autres graines en l’honneur de St Barbe. (Patronne des mineurs et des artificiers, le métier de mon grand père)
Tout ça c’est bien religieux aller vous penser ? Oui et non…
Je continue cette tradition avec mes enfants. Sur des tréteau ou sur une table c’est plus stable quelques cartons, un pot de fleur de mon épouse (avec sa permission !).. Cette année pas de mousse. Simplement une nappe verte comme support. Les quelques maisons en bois proviennent d’un cadeau de ma soeurette. Il manque le moulin mais il reviendra l’année prochaine. Cela varie d’une année à l’autre. C’est temporaire et tout ne tient qu’avec des punaises ou des épingles de couturière… Quelques arbres acquis à l’occasion, en fonction de l’humeur, de leur silhouette. Un bronzai en plastic, un sapin synthétique… Le plaisir…
Maintenant on peut ouvrir le carton. Un carton soigneusement rangé depuis l’année dernière. Tous les santons sont roulés dans du papier blanc qui les protége.
Chaque santon est déballé à tour de rôle. Avec les enfants on instaurait une ’rotation’
Religieux ? Oui et non. Bien sur il y a St Joseph, Marie, le petit Jésus.
On redécouvre tous les classiques de la pastorale. Ils ont formé le premier bataillon.
Mais à coté, toute une cohorte de personnages divers et haut en couleurs. A la maison comme chez mes parent et avant chez mes grand parents, chaque statuette a son histoire que l’on se remémore en enlevant sa protection.
Le pécheur à la ligne, c’est mon beau père qui ne se déplaçait qu’avec ses gaules, ou la dame à la chèvre, mamy Claudine qui voulait devenir éleveuse..
Le couple d’alsaciens, en provenance d’alttekirsh.. Souvenir de vacance. Un petit santon qui ne paye pas de mine, simple, dans la foule mais c’est le premier que j’ai offert à celle qui est devenu mon épouse… On rencontre un père noël hé oui !!! C’est ma fille qui l’a envoyé la première année où elle a quitté la maison…
Il y a eu une époque « enfants » (voir photo) avec des jeunes mamans et des berceaux. Mon épouse est sage femme c’est donc une absolu nécessite ! La période « musiciens », avec le classique tambourinaire, une vielle, 2 auvergnats (accordéon et cornemuse) les gitans à la guitare…La toulousaine avec ses bouquets de violette en mémoire de notre passage dans la ville rose. Une particularité qui peut paraître surprenante : une ribambelle de vieux avec des fagots. Cela semble normal mais ils ont tous le même age. Notre premier passage à Aix chez Carbonnel. Ils ont commencé la crèche, un choix de ma compagne qui s’est fixée sur les petits tas de thym !!
Je parle de Carbonel, le pape historique des santons mais il a aussi Fouque, Escofier, Jarque et bien d’autres qui rivalisent de talent et d’imagination
La fermière et ses poules c’est un peu nous avec notre basse cour. Les deux ancêtres grognons au parapluie : mes parents. Le pécheur au filet, l’arrière grand père de St Chamas
Et le pont ! Pourquoi un pont ? Il faut de l’eau (la source de vie) une rivière pour justifier le pécheur. Mais le pont a lui seul son histoire remplirait un livre. J’ai longtemps cherché un pont. Et une année, les enfants certainement saturés de m’entendre déplorer son absence, ont installé un pont décors d’aquarium. En deux morceaux, immenses, encombrants et impossible de poser un santon dessus sans qu’il ne tombe à l’eau !! Après plusieurs tentatives de collage ou d’amélioration, ce pont reste relégué dans le carton. Pour l’année prochaine ! Il y a un mois, nous (mon épouse et moi-même) musardions entre les décos de Noël et je tombe sur ce petit pont de bois… enfin un vrai pont, simple, léger qui ira à merveille dans la crèche !!
Le mineur, car j’habite une ancienne ville minière, un vendangeur et le tonnelier, bourgogne oblige, un apiculteur depuis l’installation de ruches comme chez mon grand père… si tous les oncles, tantes et cousins n’ont pas leur représentant comme chez mes parents c’est que nous nous côtoyions assez peu, éclatement des familles !!
J’ai toujours du plaisir a remonter la crèche. Je replonge pour quelques semaines dans mes racines : Vincent et Mireille, la niçoise, le coup de mistral, monsieur Jourdain….
Si vous regardez les photos vous verrez qu’il manque quelques retardataires. Bien sur Marie et Joseph sont encore en route !! Et les rois mages avec leur chameau (ou dromadaire ?) suivent l’étoile !
Une dernière histoire pour conclure. Il y avait au temps jadis quatre rois mages et les quatrième c’est perdu !!! C’est le seul que mes enfants connaissent !!
PUBLIE PAR LE MARI DE LYDIE